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Impact des interventions agronomiques et d’élevage sur la diversité alimentaires des femmes et des enfants au Mali

Published: 

Par Damouko Bonde

Read an English version of this article here

Damouko Bonde est un spécialiste en suivi et évaluation de projet avec AVSF Mali.

Ce projet a été mis en place et soutenu par Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), Initiatives Conseils et Développement (ICD) et l’Union européenne.

L’ENN s’étend grâce à Translators without Borders (Traducteurs sans frontières) qui traduisent cet article, avec la mention spéciale de Dona Petkova, George May et Lamia Ishak. Les auteurs également s’étendent grâce à l’ICD Mali à cet égard.

Lieu : Mali

Ce que nous savons : la malnutrition aiguë est très répandue dans la population dépendante de l’agriculture dans la région de Mopti, malgré une production excédentaire de céréales.

Ce que cet article ajoute : Entre 2011 et 2015, AVSF a mis en place un programme d’agronomie et d’élevage pour améliorer la diversité alimentaire des femmes et des enfants de moins de 5 ans dans 2000 ménages vulnérables. Les résultats de la diversité alimentaire des ménages  se sont améliorés en période post-récolte et creuses. Pendant la période creuse, le résultat de la diversité alimentaire a augmenté chez les enfants de 24 à 59 mois de 3,9 à 4,4. La proportion des mères avec un résultat faible de diversité alimentaire a considérablement diminué de 46% à 26% (p<0.05). La diversité alimentaire des mères était supérieure que celle pour les jeunes enfants (âgés de 6 à 23 mois) ; la connaissance en alimentation complémentaire a besoin d’être renforcée. La provision de chèvres est recommandée avec un soutien en alimentation et santé animale (en particulier le test sur la brucellose pour une population qui boit du lait). 

L’article original a été présenté en français. Une version anglaise est disponible en ligne.

Historique 

Mali est un pays enclave avec de grandes fluctuations de précipitations. Cela rend la sécurité alimentaire une condition préalable au développement. Le programme décrit dans cet article a eu lieu dans la région de Mopti dans les Cercles de Bankass et Koro, au Mali de juillet 2011 à mai 2015. La majorité (78%) de la population des Cercles pratique l’agriculture mais la malnutrition reste répandue et un problème sévère. Selon le Dr. Dembélé (chef de la division de la santé de la direction régionale de la santé de Mopti, le forum régional de Mopti sur la nutrition, mars 2010): “la malnutrition est une cause majeure de la morbidité et de la mortalité infantile au Mali en général et à Mopti les chiffres de l’enquête démographique et de la santé en 2006 montrent que le taux moyen de la malnutrition aiguë est de 12,7% et de la prévalence sévère de la malnutrition aiguë est de 5,9% » Le forum régional de Mopti sur la malnutrition en mars 2010 a identifié les problèmes prioritaires dans la région pour faire face à la nutrition comme : (1) la disponibilité de nourriture et des soins pour tous les groupes ; (2) l’accès à l’eau potable ; (3) la diversité de la production agricole ; (4) intensification de plaidoirie et des activités de l’IEC/BCC (information, éducation et communication/Communication du changement du comportement) ; et (5) assurer une gestion des activités nutritionnelles.  

Les Cercles of Bankass et Koro sont caractérisés par un excédent de production des céréales. (selon le recensement agricole de 2009, dans les Cercles of Bankass, 624 kg de céréales sont produits par habitant, alors que les besoins sont de 250 kg (normes de la FAO). Pour Koro, le taux de production est de 437 kg per habitant. Cependant, il y a des problèmes d’accès à l’alimentation (quantité, qualité et prix) en raison des fortes exportations des produits au cours des trois premiers mois après la récolte. Une étude menée par l’AVSF en mars 2011 a constaté que trois mois après la récolte, 50% de la population dans la région étaient vulnérables à l’insécurité alimentaire et que 4% étaient déjà dans une situation d’insécurité alimentaire. De plus, la fréquence de la diarrhée chez les enfants âgés de 6 à 59 mois était élevée (64%) et peut être attribuée à une mauvaise hygiène. Il y avait également une diversité alimentaire très faible (50% des enfants avaient une alimentation variée insuffisante). Les produits agricoles sont souvent vendus à bas prix pour satisfaire les besoins de bases immédiats et les céréales sont souvent l’unique source de revenu.

Vue d’ensemble du projet et de ses objectifs

L’objectif global et la priorité du programme était d’améliorer l’alimentation des enfants âgés de zéro à 2 ans et des femmes en âge de procréer. Cet objectif devait être atteint en développant la production végétale et animale, en réduisant la pénibilité des tâches des femmes, introduire une gamme de formation (par exemple, la nutrition, l’hygiène, les pratiques horticoles et la production de fromage), et améliorer la qualité des aliments dans 40 villages dans les Cercles de Koro et de Bankass. L’intervention ciblait les ménages vulnérables pour l’insécurité alimentaire. Ces ménages ont reçu un soutien d’élevage à petite échelle. Mille ménages vulnérables ayant au moins deux enfants de moins de cinq ans ont reçu deux chèvres. 1000 ménages vulnérables supplémentaires ayant un enfant de moins de cinq ans ont reçu dix poules, un coq à race améliorée et des semences. Les bénéficiaires ont été formés pour prendre soin des petits ruminants et pour reproduire la volaille.

Des sessions de formation et d’éducation sur la nutrition et l’hygiène ont été organisées au profit des personnes dans la zone couverte par le projet. Des programmes radio sur la nutrition ont été diffusés sur les stations FM locales. De même, des séances de démonstration culinaires en utilisant des recettes à base de produits locaux ont été réalisées pour les populations locales. Des séances de sensibilisation ont discuté sur comment le genre et la nutrition étaient étroitement liés. Le dépistage de masse de la malnutrition est effectué régulièrement par les accoucheuses traditionnelles (AT) et les agents de santé communautaires. Les enfants malnutris qui ont été détectés, ont été référés au centre de santé le plus proche. Les agents de santé communautaires et les AT ont démontré comment se laver les mains en utilisant du savon pour encourager les bonnes pratiques d’hygiène. Afin de réduire les maladies hydriques, des puits à grand diamètre délabrés ont été restaurés sur tous les sites d’intervention du projet. Le projet a également initié une formation sur le séchage et le stockage des produits horticoles et la fabrication de fromage sec ; cette dernière pour faire face à l’excédent de lait frais en périodes d’abondance, rendant ainsi les produits laitiers disponibles toute l’année. 

Résultats 

Les résultats de diversité alimentaires ont été mesurés par AVSF avec l’aide de l’ordonnateur national des fonds européens de développement et la délégation de l’UE. Les résultats suggèrent que l’ensemble des activités ont contribué positivement à améliorer l’accès à la nourriture aux familles dans les zones de mise en œuvre. La proportion des ménages ayant une consommation alimentaire acceptable a augmenté de 67% à 85% pendant la période creuse, dépassant largement les 75% prévus. En période post-récolte, le pourcentage de ménages ayant une consommation alimentaire acceptable est passé de 81% à 89%, proche de l’objectif de 90%.

Pour la diversité alimentaire individuelle (enfants âgés de 6 à 23 mois, enfants âgés de 24 à 59 mois et les mères avec des enfants), le taux acceptable le plus bas enregistré de 50% était enregistré pendant la période creuse pour les mères et pour les enfants de 24 à 59 mois. Pendant la saison creuse, pour les enfants âgés de 24 à 59 mois, le résultat de la diversité alimentaire a augmenté de 3,9 groupes alimentaires sur neuf à 4,4 groupes d’ici la fin du projet. Pendant la même période, pour les enfants âgés de 6 à 23 mois, le résultat moyen de la diversité alimentaire a augmenté de 2,3 groupes alimentaires sur sept à la fin du projet.

La méthodologie FAO a été utilisée pour analyser la diversité alimentaire chez les femmes avec des enfants de moins de cinq ans et des enfants de 24 à 59 mois. La méthodologie de l’OMS a été utilisée pour analyser la diversité alimentaire chez les enfants âgés de 6 à 23 mois. Cela explique la différence dans le nombre de groupes alimentaires inclus dans le calcul du résultat de diversité alimentaire individuelle selon l’âge de l’enfant.

Le pourcentage des mères avec un résultat faible de diversité alimentaire (≤3 groupes alimentaires) a diminué entre la ligne de base post-récolte (46%) et l’enquête post-récolte finale (26%); cette diminution est significative (p <0.05). Presque le double des mères avait un résultat élevé de diversité alimentaire (≥ 5 groupes) dans la période post-récolte finale (44%) qu’en ligne de base (18%).

Tableau 1 : Distribution du résultat de la diversité alimentaire des mères avec des enfants, post-récolte, 2012 v 2014 

 Défis et leçons apprises

Les mères consomment plus de groupes alimentaires que les enfants âgés de 6 à 23 mois, à l’exception du lait (29% des enfants le consomment contre 20% pour les mères). Ces résultats mettent en évidence un besoin important de renforcement des connaissances concernant l’alimentation des jeunes enfants. Il y a également le problème concernant la durée limite de temps disponible pour les mères pour préparer les repas des enfants. 

La reproduction animale à petite échelle et la fourniture d’équipement agricole a eu un impact significatif    (p <0.05) sur les résultats de diversité alimentaires des mères. Le résultat moyen de la diversité alimentaire des mères qui a bénéficié d’une reproduction animale à petite échelle était de 4,4 sur neuf des groupes alimentaires comparativement à 4,0 pour les groupes des mères qui n’en ont pas bénéficié. Le résultat de la diversité alimentaire des mères qui ont bénéficié de la fourniture d’équipement agricole était de 4,6 de groupes alimentaires sur neuf contre 4,2 pour les mères qui n’ont pas bénéficié de ce soutien.

Le revenu monétaire généré par la reproduction animale à petite échelle a facilité un plus grand accès à certains aliments. De même, la fourniture de matériel agricole a permis à chaque famille de diversifier sa production agricole.

Nous recommandons que la programmation intensifiée devrait être lancée en fournissant des chèvres. Cependant, l’alimentation des animaux en période creuse devra être introduite dans le programme. Il sera également important de tester les animaux pour la brucellose pour s’assurer que la consommation supplémentaire de lait frais soit saine. Du travail doit être fourni pour renforcer les connaissances des mères ayant des enfants et les femmes en âge de procréer sur les régimes alimentaires des jeunes enfants. Cela peut être réalisé par la promotion de plusieurs recettes à valeurs nutritionnelles élevées à base de produits locaux.

Pour plus d’information, veuillez contacter Marc Chapon, Coordonnateur national de l’AVSF au Mali, tél: (00223)76368739

L’article original a été présenté en français. Une version anglaise est disponible en ligne. 

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