Fréquence et facteurs de risque de rechute : Une étude de cohorte prospective dans trois pays
Cet article résume l’article suivant : King S, Marshak A, D’Mello-Guyett L et al (2025) Rates and risk factors for relapse among children recovered from severe acute malnutrition in Mali, South Sudan, and Somalia: A prospective cohort study. The Lancet Global Health.13,1, e98 - e111 https://doi.org/10.1016/S2214-109X(24)00415-7
Les enfants qui guérissent après avoir reçu un traitement en raison d’une malnutrition aiguë sévère dans le cadre de programmes à assise communautaire sont fréquemment admis de nouveau en raison d’une rechute. Les taux de rechute rapportés varient considérablement d’un contexte à l’autre, oscillant entre 0 % et 37 %. En contribuant la consolidation des données disponibles, cette étude de cohorte prospective menée dans plusieurs pays visait à évaluer le risque et les facteurs déterminants de rechute après la guérison de la malnutrition aiguë sévère, dans des contextes à forte prévalence.
L’étude a été menée dans trois pays, au sein de 16 cliniques sélectionnées pour leur nombre élevé de cas et leur accessibilité. Neuf d’entre elles se trouvaient au Mali, six au Soudan du Sud (qui desservaient des populations rurales n’ayant pas fait l’objet de déplacements, avec des programmes d’assistance et des financements limités) et une en Somalie (une clinique urbaine dans le camp de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays de Banadir, avec un plus large éventail de programmes d’assistance).
Les enfants « exposés » étaient éligibles à l’inclusion dans l’étude s’ils étaient sortis de l’hôpital après avoir été guéris d’une malnutrition aiguë sévère non compliquée et s’ils étaient âgés de 6 à 47 mois. Les enfants « non exposés » étaient éligibles à l’inclusion si, au cours de l’année précédente, ils n’avaient pas été diagnostiqués malnutris. Ils étaient appariés à des enfants exposés sur la base de l’âge, du sexe et de la zone couverte par la clinique. Un enfant était considéré comme souffrant de malnutrition aiguë si son périmètre brachial était inférieur à 12,5 cm, si le score z de son indice poids-pour-taille était inférieur à deux écarts types ou s’il présentait des œdèmes nutritionnels. La rechute était définie comme un épisode de malnutrition aiguë chez les enfants exposés. Au total, 2 749 enfants ont été recrutés dans l’étude de manière échelonnée et suivis pendant six mois, lors de visites mensuelles au cours desquelles des données individuelles (au niveau des enfants) et des ménages ont été recueillies, de même que des mesures anthropométriques.
L’étude a révélé que les taux de rechute variaient d’un pays à l’autre, s’élevant à 22 % en Somalie, 30 % au Mali et 63 % au Soudan du Sud dans les six mois suivant la guérison. Dans les analyses multipays, les enfants exposés à la malnutrition aiguë sévère au cours des six mois précédents étaient 3,3 à 5,3 fois plus susceptibles de développer une malnutrition aiguë que les enfants non exposés. Comme l’ont montré d’autres études, le facteur prédictif de rechute le plus constant consistait en de faibles mesures anthropométriques pendant le traitement de la malnutrition aiguë sévère, en particulier au moment de la sortie. Peu d’autres facteurs observables au niveau de l’enfant ou du ménage au moment de la sortie ont été associés à un risque ultérieur de rechute. Après leur sortie, les enfants qui ont été en insécurité alimentaire ou qui ont eu des problèmes de morbidité (diarrhée ou fièvre) au cours de la période de suivi étaient plus susceptibles de rechuter que ceux qui n’avaient pas été exposés à ces facteurs. Au cours de la période de suivi, les taux de rechute sont restés globalement stables, à l’exception d’un léger pic observé au Soudan du Sud après environ trois mois.
Plusieurs limites à l’étude ont été relevées, à commencer par la conception longitudinale, qui a imposé l’exclusion des ménages qui n’étaient pas en mesure de rester dans la région pendant six mois. En outre, la faible prévalence des œdèmes a empêché de généraliser les résultats. L’étude conclut que, bien que les enfants exposés soient cliniquement classés de la même manière que les enfants non exposés, ils sont plus à risque de souffrir ultérieurement de malnutrition aiguë. Ces conclusions soulignent la nécessité de mener des interventions après la sortie, de sorte à consolider la guérison.