Programmes de nutrition pour les enfants et les adolescent·e·s d’âge scolaire dans les contextes humanitaires
Cet article résume le rapport suivant : Lelijveld N, Samnani A. & James P (2025). Towards a practical guide: A scoping review of nutrition programming, policy, and evidence for school-age children and adolescents in humanitarian contexts. https://doi.org/10.71744/6bcw-s147
Les besoins nutritionnels des enfants d’âge scolaire (5-19 ans) dans les contextes humanitaires demeurent sous-étudiés et mal pris en compte, bien que cette phase soit cruciale pour la croissance, le développement cognitif et la santé à long terme. Les situations d’urgence exacerbent les carences nutritionnelles préexistantes, entraînant des affections telles que la maigreur/l’émaciation, les carences en micronutriments et le surpoids/l’obésité. Ce rapport dresse un tableau des politiques, programmes et données actuellement disponibles sur la nutrition, la santé et le bien-être de ce groupe d’âge dans les contextes humanitaires, en s’appuyant sur des revues de la littérature et des entretiens avec des experts.
Le rapport souligne le manque de données sur la nutrition des enfants et des adolescent·e·s d’âge scolaire, tant dans les environnements stables que dans les situations d’urgence, ce qui complique l’évaluation de leur état nutritionnel lorsqu’il y a des situations d’urgence. Les objectifs et indicateurs mondiaux pour ce groupe d’âge sont déjà limités, de sorte qu’ils sont encore plus invisibles dans les efforts d’intervention humanitaire.
Les politiques mondiales existantes reconnaissent l’importance de la nutrition des enfants et des adolescent·e·s d’âge scolaire, mais manquent souvent de directives spécifiques pour les contextes humanitaires. Parmi les principaux documents d’orientation figurent les Principaux engagements envers les enfants de l’UNICEF, les directives de l’OMS sur la nutrition des adolescent·e·s et l’Action mondiale accélérée en faveur de la santé des adolescent·e·s, un document multi-agences. En outre, le Comité permanent interorganisations (IASC) fournit des cadres conceptuels pour intervenir auprès des jeunes dans les situations de crise.
Des entretiens avec les praticiens ont révélé un manque d’interventions nutritionnelles ciblant spécifiquement les enfants et les adolescent·e·s d’âge scolaire dans les situations d’urgence. Certains programmes plus larges incluaient accessoirement des adolescent·e·s, comme les programmes axés sur les personnes vivant avec le VIH ou sur les femmes enceintes ou allaitantes. D’autres interventions sectorielles, comme les programmes axés sur la santé et l’éducation en matière de sexualité et de reproduction, comportaient parfois un volet nutritionnel. Le rapport met en évidence les interventions recommandées en matière de nutrition, notamment la fourniture d’aliments nutritifs à travers les repas scolaires, l’enrichissement des aliments de base et les distributions générales de vivres, en accordant une attention particulière aux enfants et aux adolescent·e·s d’âge scolaire. La prise en charge de l’émaciation et de la maigreur, la supplémentation en micronutriments, notamment en fer, en acide folique, en micronutriments multiples, le déparasitage, l’éducation nutritionnelle et la promotion de l’activité physique sont également mises en avant. Les efforts visant à créer des environnements alimentaires sains impliquent l’encadrement des commerçants, des pratiques de marketing, ainsi que des transferts monétaires. L’aide spéciale apportée aux adolescentes enceintes et allaitantes comprend un dépistage nutritionnel, une supplémentation, une assistance sociale et des programmes d’autonomisation.
Des obstacles entravent l’efficacité des programmes de nutrition destinés à ce groupe d’âge dans les contextes humanitaires.
- Un manque de données et d’indicateurs : la prévalence de la malnutrition n’est pas bien documentée, ce qui complique le plaidoyer et la planification des interventions.
- Un financement limité et une attention politique insuffisante : les enfants et les adolescent·e·s d’âge scolaire ne sont pas prioritaires dans les plans d’intervention humanitaire et de financement.
- Des outils d’évaluation inadéquats : Le périmètre brachial et l’indice de masse corporelle-pour-âge restent sous-utilisés en raison de l’absence de protocoles standardisés.
- La faible intégration d’un secteur à l’autre : les interventions nutritionnelles pour ce groupe d’âge doivent surtout être intégrées dans différents secteurs, tels que l’éducation, la santé et la protection, pour avoir un impact maximal.
Les conclusions de ce rapport peuvent orienter les acteurs concernés dans l’élaboration d’une approche de la nutrition plus robuste, plus pragmatique et plus durable pour ce groupe d’âge critique, dans les situations d’urgence.