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Atteindre les objectifs mondiaux en matière de nutrition de 2025 : Le programme inachevé du Népal

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Kiran Rupakhetee est chef de division et secrétaire adjoint de la division de la bonne gouvernance et du développement social, secrétariat de la Commission nationale de planification du gouvernement du Népal, et point focal national du Mouvement SUN.

Manisha Laxmi Shrestha est une spécialiste de la nutrition travaillant pour le projet Suaahara II basé à Katmandou, au Népal.

Bishow Raman Neupane est directeur de la gouvernance multisectorielle pour le projet Suaahara II, Helen Keller International, Népal.

Introduction

Le Népal, pays hôte du rassemblement mondial du Mouvement SUN de 2019, a réalisé des progrès marqués dans la réduction de la famine et l’amélioration de la nutrition grâce à des politiques et des programmes solides mis en œuvre par le gouvernement et les principaux partenaires de développement. Dans les années 1990, le Népal a enregistré le taux de retard de croissance le plus élevé du monde, avec environ 60 % des enfants de moins de cinq ans (EM5) présentant un retard de croissance1. De 2001 à 2011, le retard de croissance des enfants est passé de 56,6 % à 40 %, soit une réduction de 1,66 pour cent par an et la réduction la plus rapide du retard de croissance enregistrée au niveau mondial1.

Atteindre les objectifs mondiaux actuels

Le pays est en bonne voie pour atteindre les objectifs mondiaux de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) en matière de nutrition pour 2025 en ce qui concerne la surcharge pondérale et l’allaitement maternel exclusif, mais il est hors de question qu’il atteigne les objectifs pour tous les autres indicateurs2. Aujourd’hui, la prévalence nationale du retard de croissance des EM5 s’élève à 36 %, ce qui est supérieur à la moyenne des pays en développement, qui est de 25 %2. De plus, la prévalence nationale de l’émaciation des EM5 s’élève à 9,6 %, chiffre également élevé et supérieur à la moyenne des pays en développement, qui est de 8,9 %1. Le taux actuel de réduction de la prévalence de l’émaciation dans le pays est de 1,82 %, mais un taux annuel de diminution de 7,41 % est nécessaire pour atteindre l’objectif mondial de 5 % d’ici 2025 (voir figure 1). Le Népal devra accélérer ses efforts afin d’atteindre tous les objectifs mondiaux en matière de nutrition pour 2025.

Principaux moteurs de changement

Le Népal a mis en œuvre diverses stratégies pour améliorer l’état nutritionnel de sa population. La nutrition et la sécurité alimentaire font partie des priorités politiques de haut niveau pour le pays et figurent dans le 15e plan périodique du gouvernement (2019-2024), et l’adoption du droit à l’alimentation est inscrite dans la constitution. L’adoption d’une approche multisectorielle de la nutrition, selon laquelle chaque partie prenante dispose d’un ensemble d’interventions définies et reconnues au niveau mondial pour atteindre les objectifs de l’AMS, est considérée comme un moteur essentiel de changement positif. L’élaboration de plans nutritionnels multisectoriels (MSNP-I en 2013-3017 et MSNP-II en 2018-2022) a été dirigée par la Commission nationale de planification (NPC), avec un Secrétariat de la nutrition et de la sécurité alimentaire établi au sein de la NPC pour la coordination et la promotion de la nutrition.

Avec son récent passage au fédéralisme, le Népal compte désormais trois niveaux de gouvernement (fédéral, provincial et local) et des actions de plaidoyer sont menées pour inclure la nutrition dans les plans et politiques locaux. En conséquence, la plupart des provinces ont intégré la nutrition dans leur programme de développement, avec un budget spécifique. En outre, le gouvernement local a contribué à plus de 50 % des coûts de mise en œuvre du MSNP-II.

Les interventions du MSNP-II sont mises en œuvre dans 610 des 753 administrations locales et dans 62 des 77 districts, avec des plans de mise à l’échelle nationale d’ici 2022. Des comités directeurs de la nutrition et de la sécurité alimentaire ont été créés au niveau provincial dans les sept provinces et un processus de création de comités similaires au niveau des quartiers (la plus petite unité administrative du Népal) est en cours. Toutes les activités de nutrition sont suivies au moyen d’un système de rapports en ligne, bien que l’établissement de rapports précis et opportuns par tous les ministères sectoriels reste un défi. 

Défis et outils pour accélérer les progrès

Financement insuffisant pour atteindre les objectifs mondiaux de l’AMS en matière de nutrition

Bien que le budget que le gouvernement a alloué à la nutrition ait augmenté au fil des ans avec la mise en œuvre du MSNP, le Népal se classe toujours au bas de l’échelle en termes d’investissement dans la nutrition et la sécurité alimentaire (152 pays sur 193) et même plus bas pour la région3. Selon la Banque mondiale, un montant supplémentaire de 8,50 USD par enfant et par an est nécessaire pour atteindre l’objectif mondial de nutrition, rien que pour remédier au retard de croissance des EM54.

Le suivi financier des initiatives de nutrition pour les trois années précédentes est en cours et est soutenu par l’UNICEF, bien que des données sur ce financement au niveau des pays soient nécessaires pour soutenir la mobilisation des ressources nationales pour la nutrition et pour aider à coordonner les ressources des bailleurs de fonds. On espère que les résultats du suivi financier encourageront également les décideurs sectoriels et infranationaux à aligner les allocations sur les activités prioritaires en matière de nutrition. Grâce à un plaidoyer continu, le gouvernement local a réalisé l’importance d’investir dans la nutrition et alloué davantage de budget à ce secteur. Toutefois, ces allocations budgétaires doivent être continues pour soutenir les efforts et les accomplissements réalisés jusqu’à présent en matière de nutrition.

Mettre l’accent sur une approche de « nutrition tout au long du cycle de vie »

La nutrition des adolescents est une deuxième fenêtre d’opportunité permettant d’améliorer la nutrition et on commence de plus en plus à penser au-delà de la période des « 1000 jours d’or » (comme on dit au Népal) de la conception au deuxième anniversaire de l’enfant en abordant les déterminants sociaux de la malnutrition par une approche basée sur le cycle de vie. La nutrition des adolescents n’a guère été prioritaire jusqu’à présent, mais elle est cruciale, puisque 17 % des adolescentes (10-19 ans) du pays sont enceintes ou ont déjà un bébé5. Le gouvernement a déterminé que la nutrition des adolescents serait une activité prioritaire dans le programme MSNP-II. En outre, divers programmes d’intervention ont été mis en œuvre pour améliorer l’état de santé et de nutrition des adolescents dans certains districts.

Nécessité de renforcer la gouvernance à tous les niveaux

Le pays a élaboré une législation et une politique visant à améliorer la nutrition, en nommant du personnel désigné à différents niveaux dans les ministères concernés pour soutenir la mise en œuvre du MNSP-II. Néanmoins, des défis subsistent dans les arrangements institutionnels liés à la transition vers une structure fédérale. Des stratégies concrètes de renforcement des capacités et du système doivent être élaborées et mises en œuvre pour faire face aux défis du système fédéral nouvellement introduit, avec une plus grande responsabilisation au niveau local et une attribution claire des rôles et des responsabilités. La coordination entre les différentes parties prenantes à tous les niveaux doit être améliorée et renforcée, en faisant de l’internalisation de la nutrition une question prioritaire, tout comme la responsabilisation du MSNP aux niveaux fédéral, provincial et local.

Sur quoi faut-il se concentrer ?

Si la prévalence du retard de croissance des EM5 a diminué au fil des ans, le rythme de cette diminution est insuffisant et doit être accéléré pour atteindre les objectifs mondiaux de l’AMS pour le Népal. Pour améliorer la nutrition des enfants, le Népal doit mettre à l’échelle la mise en œuvre du MSNP-II dans les 753 zones de gouvernement local. Bien que les municipalités aient intégré les activités de nutrition à leur programme, la nutrition doit être plus largement discutée et un budget plus important et continu doit lui être alloué. Par ailleurs, des interventions ciblées doivent être lancées pour atteindre les populations difficiles à accéder, marginalisées et vulnérables.


1 Headey DD, Hoddinott J (2015). Understanding the Rapid Reduction of Undernutrition in Nepal (Comprendre la réduction rapide de la sous-nutrition au Népal), 2001–2011. PLoS ONE 10(12): e0145738. doi:10.1371/journal.pone.0145738

2 https://globalnutritionreport.org/media/profiles/v1.9.7/pdfs/nepal.pdf

3 NPC (2018) Towards Zero Hunger in Nepal (vers une famine zéro au Népal). A Strategic Review of Food (Examen stratégique de l’alimentation)Security & Nutrition 2018. Katmandou : Commission de planification nationale

4 http://pubdocs.worldbank.org/en/460861439997767818/Stunting-Costing-and-Financing-Overview-Brief.pdf

5 MSNP II document http://nnfsp.gov.np/PortalContent.aspx?Doctype=Resources&ID=330

 

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