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Un cadre d'investissement pour la nutrition: Atteindre les objectifs mondiaux pour le retard de croissance, l'anémie, l'allaitement maternel et l'émaciation

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Résumé de l'étude*

Lieu: partout dans le monde

Ce que nous savons: La malnutrition infantile a des conséquences à vie sur la santé, le potentiel humain, le développement économique, la prospérité et l'équité. Les objectifs mondiaux de la nutrition (2012) sont axés sur le retard de croissance, l'anémie, le faible poids chez les enfants à la naissance, l'excédent de poids chez les enfants, l'allaitement maternel et l'émaciation ; le coût pour atteindre ces objectifs est méconnu.

Ce qui  est rajouté dans cet article: Une analyse récente et détaillée de la Banque mondiale estime qu'un investissement supplémentaire de 70 milliards de dollars  (62 milliards de livres sterling environ)  sur une période de dix ans est nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux pour le retard de croissance chez les enfants, l'anémie chez les femmes, l'allaitement maternel exclusif et le traitement de l'émaciation sévère. Ceci permettrait d'éviter 3,7 millions de décès chez les enfants; chaque dollar investi rapporterait entre 4 $ et 35 $ en retombées économiques. Un investissement dans une sous-catégorie d'interventions prioritaires s'élèverait à 23 milliards de dollars (19 milliards de livres sterling environ); les objectifs mondiaux ne seraient pas atteints mais 2,2 millions de vies seraient sauvées. La réalisation des objectifs mondiaux est possible mais des efforts conjugués sont nécessaires en matière de financement et d'engagements massif et durable. Les priorités de la recherche comprennent des stratégies évolutives pour fournir des interventions à fort impact, sur la manière d'améliorer l'efficacité technique des dépenses en matière de nutrition ainsi que les coûts et les impacts des interventions nutritionnelles sensibles.

En 2015, 159 millions d'enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition chronique ou de retard de croissance ce qui souligne un enjeu d'une dimension mondiale en matière de santé et de développement économique (UNICEF, OMS et la Banque Mondiale 2015). En 2012,  lors d'un effort de mobilisation de la communauté internationale autour de l'amélioration de la nutrition, les 176 membres de l'Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) ont avalisé six objectifs mondiaux autour de la nutrition axés sur le retard de croissance, l'anémie, le faible poids chez l'enfant à la naissance, l'excédent de poids chez l'enfant, l'allaitement maternel et l'émaciation. Certains de ces objectifs (le retard de croissance et l'émaciation) sont en outre inscrits sur  l'Objectif  2 (ODD 2) de Développement Durable  des Nations Unies qui s'engage à mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes d'ici 2030.

Objectifs de la nutrition: Investissements et contraintes

Mettre fin à la malnutrition est crucial pour le développement économique et humain. Le retard de croissance chez l'enfant entraîne des conséquences à vie non seulement sur la santé, mais également en termes de potentiel humain, de développement économique, de prospérité et d'équité. La réduction des retards de croissance peut accroître la productivité économique globale. Les interventions nutritionnelles sont toujours identifiées comme l'une des actions les plus économiques en matière de développement. Cependant, bien que les investissements concernant la nutrition soient élevés, la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) est freinée par des moyens financiers insuffisants, par la complexité de les mettre en oeuvre, par l'identification des méthodes et des coûts impliqués dans leur suivi et par les moyens requis pour les développer. Il existe peu d'éléments sur les coûts estimatifs pour réaliser les objectifs mondiaux de la nutrition y compris ceux des Objectifs de Développement Durable (ODD). Aucune étude préalable n'a évoqué de liens entre les coûts et l'impact potentiel et les retours des interventions sur les investissements ni n'a évalué les insuffisances de financement entre les exigences et les dépenses totales. Enfin, aucune étude préalable n'a présenté une analyse globale et complète du financement national des gouvernements ni de l'aide publique au développement.

Ce rapport vise à combler ces lacunes en fournissant une estimation plus détaillée des coûts ainsi que des besoins financiers, reliant ainsi ces deux éléments aux impacts attendus et présentant un cadre de financement possible. Sont inclus une connaissance approfondie des investissements actuels en matière de nutrition, les besoins futurs et leurs impacts ainsi que les moyens de mobiliser les fonds nécessaires.  

Estimation des besoins de financement

Un investissement supplémentaire de 70 milliards de dollars (62 milliards de livres sterling environ) sur une période de dix ans est nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux pour le retard de croissance chez les enfants, l'anémie chez les femmes, l'allaitement maternel exclusif et le traitement de l'émaciation sévère. L'impact attendu de cet investissement supplémentaire est de prévenir 65 millions de cas de retard de croissance chez l'enfant et 265 millions de cas d'anémie chez les femmes en 2025, et ce, comparé aux données de 2015 De plus, plus de 91 millions d'enfants au moins et de moins de cinq ans seraient soignés pour émaciation sévère et 105 millions de nourrissons supplémentaires seraient nourris exclusivement au sein maternel pendant les six premiers mois de leur vie sur une période de 10 ans. Un tel investissement éviterait également au moins le décès de 3,7 millions d'enfants. Chaque dollar investi dans cet ensemble d'interventions rapporterait entre 4 US$ et 35 US$ en retombées économiques.

Il est nécessaire de prioriser une sous-catégorie des interventions dans un contexte de ressources limitées - d'intensifier des interventions avec les meilleurs rendements actuels en admettant que les objectifs mondiaux ne seraient pas atteints. L'estimation de 23 milliards de dollars (19 milliards de livres sterling environ) au cours des 10 prochaines années lorsque liée avec d'autres efforts de réduction en matière de santé et de  pauvreté,  résulterait à sauver 2,2 millions de vies et le nombre de cas de retard de croissance chez les enfants diminuerait de 50 millions en 2025 par rapport à 2015.

Des crédits budgétaires nationaux alloués par les gouvernements encadrent l'Aide Pour le Développement (APD); de nouveaux mécanismes de financement  innovants et les contributions des ménages pourraient financer l'écart restant. Un effort de l'ensemble de la société est nécessaire pour financer la réalisation des objectifs en matière de nutrition; ces différents moyens de financement sont également conformes aux autres défis des Objectifs de Développement Durable (ODD). Investir dans la nutrition est non seulement l'un des meilleurs principes de rapport qualité-prix dans le cadre du dévéloppement mais il est également source de réussite pour des investissements dans d'autres domaines

Des expériences récentes de pays montrent  que les objectifs mondiaux relevant de la nutrition sont réalisables, bien que certains, surtout ceux visant à réduire le retard de croissance chez les enfants et l'anémie chez les femmes, soient ambitieux et nécessiteront des efforts concertés en matière de financement et d'engagements massif et soutenu. D'autre part, l'objectif de l'allaitement maternel exclusif a une portée beaucoup plus ambitieuse.

Les domaines de recherche prioritaires englobent :  

La recherche sur des stratégies évolutives pour fournir des interventions à fort impact y compris sur la manière de faire face aux blocages pour renforcer les interventions.

l'évaluation de l'efficacité de la répartition, à savoir l'identification de la distribution optimale des fonds entre les différentes interventions ou une allocation qui maximise l'impact selon une contrainte budgétaire spécifique.

La recherche visant l'amélioration des techniques des dépenses de nutrition y compris l'identification de nouvelles stratégies pour résoudre les problèmes nutritionnels complexes, tels que le retard de croissance chez les enfants, l'anémie, ainsi que des techniques pouvant aider à offrir et à intensifier ces solutions à un moindre coût.

Le renforcement de la qualité des données de surveillance, les données sur les coûts unitaires pour les interventions dans différents contextes nationaux et l'élaboration de systèmes renforcés de collecte de données pour estimer les investissements actuels en matière de nutrition (provenant tant des gouvernements nationaux que de l'Aide Publique au Développement (APD). De plus amples recherches sont nécessaires sur les coûts des interventions ; de très importants moyens seront requis pour élaborer une base de données évolutive des investissements actuels, notamment de suivre étroitement les dépenses, d'assurer la responsabilisation et de vérifier les dépenses publiques.

La recherche sur les interventions qui préviennent l'émaciation est très urgente. Il est également essentiel d'en apprendre davantage sur les stratégies économiques  pour gérer la malnutrition aiguë modérée en vue de considérer si celles-ci peuvent contribuer à la prévention de l'émaciation.

Les coûts et les impacts des interventions nutritionnelles sensibles; à savoir les interventions qui améliorent la nutrition à travers l'agriculture, la protection sociale, les secteurs de l'eau et de l'assainissement, entre autres. Il est évident que le retard de croissance chez les enfants et l'anémie ont des causes multiples et peuvent être améliorés en augmentant la qualité, la diversité et l'accessibilité des aliments, en intensifiant le contrôle des revenus des agricultrices et en réduisant l'exposition à des agents pathogènes fécaux par l'amélioration de pratiques dans les secteurs de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène. Cependant, la proportion imputable de la charge qui peut être traitée par ces interventions est méconnue.

Les auteurs concluent en lançant un appel à l'action. Les investissements au bénéfice des trois premières années de vie de l'enfant considérées comme cruciales  vont constituer des dividendes à vie, non seulement pour les enfants directement affectés mais aussi pour nous tous sous la forme de sociétés plus solides qui stimuleront les économies futures.

Références

UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance), OMS Organisation Mondiale de la Santé)  et la Banque Mondiale. 2015. Estimations conjointes de malnutrition infantile :  Niveaux et tendances. Base de données mondiale sur la croissance de l'enfant et de la malnutrition. www.who.int/nutgrowthdb/ estimates2014 / fr / (date d'accès : octobre 2015).


*Shekar Meera; Kakietek Jakub Jan ; Dayton Julia M .; Walters Dylan David. 2016. Un cadre d'investissement pour la nutrition : Atteindre les objectifs mondiaux pour le retard de croissance, l'anémie, l'allaitement maternel et l'émaciation : résumé. Washington, D.C: Groupe Banque Mondiale. documents.worldbank.org/curated/en/847811475174059972/executive-summary

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